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position de la Lycose, j’enfonçais avec force et obliquement une lame de couteau, de manière à surprendre l’animal par derrière et à lui couper la retraite en barrant le clapier. Je manquais rarement mon coup, surtout dans des terrains qui n’étaient pas pierreux. Dans cette situation critique, ou bien la Tarentule, effrayée, quittait la tanière pour gagner le large, ou bien elle s’obstinait à demeurer acculée contre la lame du couteau. Alors, en faisant exécuter à celle-ci un mouvement de bascule assez brusque, je lançais au loin et la terre et la Lycose, dont je m’emparais. En employant ce procédé de chasse, je prenais parfois jusqu’à une quinzaine de Tarentules dans l’espace d’une heure.

« Dans quelques circonstances où la Tarentule était tout à fait désabusée du piège que je lui tendais, je n’ai pas été peu surpris, quand j’enfonçais l’épillet jusqu’à le tourner dans son gîte, de la voir jouer avec un espèce de dédain avec cet épillet et le repousser à coups de pattes, sans se donner la peine de gagner le fond de son réduit.

« Les paysans de la Pouille, au rapport de Baglivi, font aussi la chasse à la Tarentule en imitant, à l’orifice de son terrier, le bourdonnement d’un insecte au moyen d’un chaume d’avoine.

« Ruricolae nostri, dit-il, quando eas captare volunt, ad illorum latibula accedunt, tenuisque avenaceae fistulae sonum, apum murmuri non absimilem, modulantur. Quo audito, ferox exit Tarentula ut muscas vel alia hujus modi insecta, quorum murmur esse putat, captat ; captatur tamen ista a rustico insidiatore.

« La Tarentule, si hideuse au premier aspect, surtout