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La méthode de L. Dufour me paraîtrait meilleure si, dans les conditions où je me trouve, elle était praticable. Plonger rapidement un couteau dans le sol par le travers du terrier, de façon à couper la retraite à la Tarentule, lorsque celle-ci, attirée par l’épillet, stationné dans l’étage supérieur, est une tactique à réussite certaine lorsque le sol s’y prête ; malheureusement, ce n’est pas mon cas : autant vaudrait enfoncer la lame du couteau dans du tuf.

D’autres ruses sont nécessaires. En voici deux qui m’ont réussi. Je les recommande aux futurs chasseurs de la Tarentule. J’introduis aussi profondément que possible dans le terrier un chaume de graminée ayant un épillet charnu que l’Aranéide puisse mordre en plein. J’agite, je tourne et retourne mon amorce. Frôlée par le corps importun, l’Araignée songe à la défense et mord l’épillet. Une petite résistance annonce aux doigts que l’animal a donné dans le piège, qu’il a saisi de ses crochets le bout du chaume. On tire à soi, lentement, avec précaution ; l’autre tire d’en bas, arc-boutant ses pattes contre la paroi. Cela vient, cela monte. Je me dissimule de mon mieux quand l’Aranéide arrive dans le canal vertical : en me voyant, elle laisserait l’amorce et redescendrait. Je l’amène ainsi, par degrés, jusqu’à l’orifice. C’est le moment difficile. Si l’on continue le mouvement doux, l’Araignée, qui se sent entraînée hors du logis, rentre aussitôt chez elle. Amener dehors la bête soupçonneuse par ce moyen n’est pas possible. Lors donc qu’elle apparaît au niveau du sol, brusquement je tire. Surprise par ce coup de Jarnac, la Tarentule n’a pas le temps de lâcher prise ; accrochée à l’épillet, elle est lancée à quelques pouces du terrier. La capture