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qu’atteindrait le stylet. J’en ai vu qui, lardées à la bouche tandis qu’elles mordaient tout près de l’aiguillon, périssaient de la blessure dans les vingt-quatre heures. Donc, pour ce périlleux gibier, il faut une mort instantanée, amenée par la lésion des centres nerveux cervicaux ; sinon la vie du chasseur fort souvent serait compromise.

L’ordre des Orthoptères m’a fourni une seconde série de patients, des Sauterelles vertes de la longueur du doigt, des Dectiques à grosse tête, des Ephippigères. Même résultat pour la morsure à la nuque. La mort est foudroyante. Atteint autre part, notamment au ventre, l’expérimenté résiste assez longtemps. J’ai vu une Ephippigère, mordue à l’abdomen, se maintenir pendant une quinzaine d’heures solidement cramponnée à la paroi lisse et verticale de la cloche lui servant de prison. Enfin elle est tombée pour mourir. Là où l’hyménoptère, fine nature, succombe en moins d’une demi-heure, l’orthoptère, grossier ruminant, résiste un jour entier. Mettons de côté ces différences, ayant pour cause des organisations inégalement sensibles, et nous nous résumerons en ces deux points : mordu à la nuque par la Tarentule, un insecte, choisi parmi les plus gros, meurt à l’instant ; mordu autre part, il périt aussi, mais après un laps de temps qui peut être très variable d’un ordre entomologique à l’autre.

Maintenant s’expliquent les longues hésitations de la Tarentule, si fastidieuses pour l’expérimentateur qui lui présente, à l’entrée du terrier, une riche mais dangereuse proie. Le plus grand nombre refusent de se jeter sur le Xylocope. C’est qu’en effet pareil gibier ne peut