Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’autre part sont les Araignées, champions toujours vaincus.

Qui ne connaît les Pompiles, pour peu qu’il se soit délassé avec les insectes ? Contre les vieilles murailles, au pied des talus bordant les sentiers peu fréquentés, dans les chaumes après la moisson, dans les fourrés de gazon sec, partout où l’araignée tend ses filets, qui ne les a vus affairés, tantôt courant deçà, delà, à l’aventure, les ailes relevées et vibrantes sur le dos, tantôt changeant de place par longues et courtes volées ? Ce sont des chasseurs en quête d’un gibier qui pourrait bien intervertir les rôles et se faire lui-même une proie de celui qui le guettait.

Les Pompiles alimentent leurs larves uniquement avec des Aranéides, et les Aranéides se nourrissent de tout insecte proportionné à leur taille et pris dans leurs filets. Si les premiers ont un dard, les autres possèdent un double crochet à venin. Les forces souvent s’équivalent ; il n’est pas même rare qu’elles prédominent en faveur de l’Araignée. L’hyménoptère a ses astuces de guerre, ses coups savamment médités : l’Aranéide a ses ruses et ses périlleux traquenards ; le premier dispose d’une grande prestesse de mouvements, l’autre peut compter sur les perfidies de sa toile ; il y a pour l’un l’aiguillon, qui sait piquer au point convenable pour amener la paralysie, il y a pour l’autre les crochets, qui savent mordre à la nuque et donner une mort soudaine : d’un côté est le paralyseur, de l’autre le tueur. Qui des deux deviendra le gibier de l’autre ?

À ne consulter que la vigueur relative des adversaires, la puissance des armes, la virulence des