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venins et les divers moyens d’action, la balance bien des fois pencherait pour l’Aranéide. Puisqu’il sort toujours victorieux de cette lutte, en apparence bien dangereuse pour lui, le Pompile doit posséder une méthode particulière, dont je serais bien désireux de connaître le secret.

Dans nos régions, le plus vigoureux et le plus vaillant chasseur d’Araignées est le Pompile annelé (Calicurgus annulatus Fab.), costumé de jaune et de noir, haut de jambes, les ailes avec l’extrémité noire et le reste jauni comme par l’exposition à la fumée, ainsi qu’un hareng saur. Sa taille est à peu près celle du Frelon (Vespa Crabro). Il est rare. J’en vois trois ou quatre dans l’année, et je ne manque jamais de m’arrêter devant la fière bête, arpentant à grands pas, quand vient la canicule, la poudre des guérets. Son air audacieux, sa rude démarche, sa tournure belliqueuse, longtemps m’ont fait soupçonner, pour son gibier, quelque capture impossible, atroce, inavouable. Et je rencontrais juste. Cette proie, je l’ai vue, à force d’attendre et d’épier ; je l’ai vue entre les mandibules du chasseur. C’est la Tarentule à ventre noir, la terrible Araignée qui, d’un coup de son arme, extermine net un Xylocope, un Bourdon ; c’est l’Aranéide qui tue un moineau, une taupe ; c’est la redoutable bête dont la morsure ne serait peut-être pas sans danger pour nous. Oui, voilà le menu que le fier Pompile destine à sa larve.

Ce spectacle, l’un des plus frappants que m’aient présenté les hyménoptères déprédateurs, ne s’est offert encore à mes yeux qu’une fois, et cela, tout à côté de ma rustique demeure, dans le fameux laboratoire de