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lutte contre Hercule, reprenait, dit-on, vigueur, chaque fois que ses pieds touchaient le sol ; le Pompile, fils de la muraille, semble décupler ses forces une fois qu’il a pris pied sur la maçonnerie.

Voici qu’en effet l’hyménoptère hisse sa proie à reculons, sa proie énorme qui pendille. Il grimpe tantôt sur un plan vertical, tantôt sur un plan incliné, suivant l’inégale surface des pierres. Il franchit des intervalles où il lui faut marcher le dos en bas, tandis que le gibier oscille dans le vide. Rien ne l’arrête ; il monte toujours, jusqu’à une paire de mètres de hauteur, sans choisir le sentier, sans apercevoir le but puisqu’il progresse à reculons. Là une corniche se présente, reconnue à l’avance sans doute et atteinte malgré les difficultés d’une ascension qui ne permettait pas de la voir. Le Pompile y dépose son gibier. Le tube de soie qu’il visitait avec tant d’affection n’est qu’à une paire de décimètres. Il y va, il visite rapidement et retourne à l’Araignée, qu’il introduit enfin dans le tube.

Peu après, je le vois ressortir. Il cherche çà et là, sur la muraille, quelques morceaux de mortier, deux ou trois, assez volumineux, qu’il transporte pour une clôture. L’œuvre est finie. Il s’envole.

Le lendemain, je visite cet étrange terrier. L’Araignée est au fond du tube de soie, isolée de partout comme sur un hamac. L’œuf de l’hyménoptère est collé, non à la face ventrale de la victime, mais bien à la face dorsale, vers le milieu, près de la naissance de l’abdomen. Il est blanc, cylindrique et d’une paire de millimètres de longueur. Les quelques fragments de mortier que j’ai vu transporter n’ont servi qu’à