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obstruer très grossièrement la chambre de soie du fond. Ainsi le Pompile apical dépose sa proie et son œuf non dans un terrier, son œuvre à lui, mais dans la demeure même de l’Araignée. Peut-être le tube de soie appartient-il à la victime, qui fournit à la fois les vivres et le logement. Quel gîte pour la larve de ce Pompile : la chaude retraite et le douillet hamac de la Ségestrie !

Voilà donc déjà deux chasseurs d’Araignées, le Pompile annelé et le Pompile apical, qui, non versés dans le métier de mineur, établissent leur postérité à peu de frais dans les trous accidentels des murailles, ou même dans le repaire de l’Aranéide dont se nourrit la larve. À ces logis, acquis sans fatigue, ils font un simulacre de clôture avec quelques fragments de mortier. Mais gardons-nous de généraliser ce mode expéditif d’établissement. D’autres Pompiles sont de vrais fouisseurs, qui vaillamment se creusent un terrier dans le sol, à une paire de pouces de profondeur. De ce nombre est le Pompile à huit points (Pompilus octopunctatus Panz.), à livrée noire et jaune, les ailes ambrées, rembrunies au bout. Pour gibier, il choisit les Epeires (Epeira fasciata, Epeira sericea), grosses Araignées superbement ornées, qui se tiennent à l’affût au centre de leurs grandes toiles verticales. Ses mœurs ne me sont pas assez connues pour que je puisse les décrire ; j’ignore surtout ses pratiques de chasse. Mais sa demeure m’est familière : c’est un terrier, que j’ai vu commencer, parachever et clôturer suivant l’habituelle méthode des fouisseurs.