Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de bout à fond les sept coques qui le précèdent, pour sortir par la troncature de la tige de ronce. Or, la nature, en lui refusant les moyens d’une évasion latérale, n’a pas pu permettre non plus une violente trouée directe, qui eût amené inévitablement le sacrifice de sept membres d’une même famille au salut d’un fils unique. Aussi ingénieuse dans ses plans que féconde dans ses ressources, elle a dû prévoir et prévenir toutes les difficultés ; elle a voulu que le dernier berceau construit donnât le premier-né ; que celui-ci frayât la route au second de ses frères, le second au troisième, et ainsi de suite. C’est effectivement dans cet ordre successif qu’a lieu la naissance de nos Odynères de la ronce. »

Oui, mon vénéré maître, j’accorderai sans hésiter que les habitants de la ronce sortent de leur étui dans un ordre inverse de celui de l’âge, le plus jeune le premier, le plus âgé le dernier, sinon toujours, du moins très souvent. Mais l’éclosion, et j’entends par là la sortie du cocon, se fait-elle dans le même ordre ? L’évolution de l’aînée est-elle en retard sur celle du puîné, afin que chacun donne à ceux qui lui barreraient le passage le temps de se libérer et de laisser la voie praticable ? Je crains bien que la logique n’ai fourvoyé vos conséquences en dehors de la réalité. Rationnellement rien de plus juste, rien de plus rigoureux que vos déductions, cher maître ; et pourtant il faut renoncer à l’étrange inversion que vous invoquez. Aucun des hyménoptères de la ronce que j’ai expérimentés ne se comporte ainsi. Je ne sais rien de personnel sur l’Odynère rubicole, qui paraît étranger à ma région ; mais comme la méthode de sortie doit être