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à peu près la même quand l’habitation est identique, il suffit, je crois, d’expérimenter quelques-uns des habitants de la ronce pour savoir l’histoire générale des autres.

Mes études porteront de préférence sur l’Osmie tridentée, qui, par sa vigueur et le nombre de ses loges dans une même tige, se prête mieux que les autres aux épreuves du laboratoire. Le premier fait à reconnaître, c’est l’ordre d’éclosion. Dans un tube de verre, fermé par un bout, ouvert à l’autre et d’un calibre à peu près égal à celui de la galerie à l’Osmie, j’empile, exactement dans leur ordre naturel, la dizaine de cocons, plus ou moins, que j’extrais d’un bout de ronce. Cette opération est faite en hiver. Les larves sont alors, depuis longtemps, encloses dans leur outre de soie. Pour séparer les cocons entre eux, j’emploie des cloisons artificielles consistant en rondelles de sorgho à balais, d’un demi-centimètre environ d’épaisseur. La matière est une moelle blanche, dépouillée de son enveloppe fibreuse, et facilement attaquable par les mandibules de l’Osmie. Mes diaphragmes dépassent de beaucoup en épaisseur les cloisons naturelles ; c’est avantageux, ainsi qu’on va le voir ; du reste, il ne sera pas aisé de faire usage de plus faibles, car ces rondelles doivent pouvoir supporter la pression du refouloir qui les met en place dans le tube. D’autre part, l’expérience m’a démontré que l’Osmie en a facilement raison quand il s’agit d’y faire brèche.

Pour éviter l’accès de la lumière, qui troublerait mes insectes, destinés à passer, leur vie larvaire dans une obscurité complète, j’enveloppe le tube d’un épais fourreau de papier, facile à retirer et à remettre quand