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galerie bien peuplée, il se trouve toujours un certain nombre de mâles dont l’éclosion devance de huit jours celle des femelles, et qui sont distribués çà et là dans la série. Cela suffirait pour rendre impossible toute progression régulière des éclosions dans un sens aussi bien que dans l’autre.

Ces prévisions sont d’accord avec les faits : la chronologie des cellules ne renseigne en rien sur la chronologie des éclosions, celles-ci s’accomplissant sans aucun ordre dans la série. Il n’y a donc pas abdication de primogéniture, comme le pense L. Dufour ; chaque Osmie, sans se régler sur les autres, rompt son cocon à son heure, déterminée par des causes qui nous échappent et remontent sans doute aux virtualités propres de l’œuf. Ainsi se conduisent les autres habitants de la ronce que j’ai soumis à la même épreuve (Osmia detrita, Anthidium scapulare, Solenius vagus, etc.) ; ainsi doit se conduire l’Odynère rubicole, les analogies les plus pressantes l’affirment. L’exception singulière qui frappait tant l’esprit de L. Dufour est alors une pure illusion de logique.

Une erreur écartée équivaut à une vérité acquise ; cependant, s’il devait se borner là, le résultat de mes expériences serait de mince valeur. Après avoir détruit, tâchons de reconstruire, et peut-être trouverons-nous à nous dédommager d’une illusion perdue. Assistons d’abord à la sortie.

La première Osmie issue des cocons, n’importe sa place dans la série, ne tarde pas à attaquer le plafond qui la sépare de l’étage suivant. Elle y creuse un pertuis assez net en forme de cône tronqué, ayant sa large base du côté où se trouve l’abeille et sa petite base du côté opposé.