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rongée. Inutile de dire que, si ces érosions latérales sont reconnaissables après coup, elles échappent à l’examen au moment où elles se font.

Pour y assister, il faut modifier un peu l’appareil en verre. Je double l’intérieur du tube d’une épaisse feuille de papier gris, mais sur la moitié de la circonférence seulement ; l’autre moitié, restant nue, me permettra de suivre les essais de l’Osmie. Eh bien, la captive s’acharne sur cette doublure, qui lui représente la couche de moelle de son habituel logis ; elle l’arrache par menues parcelles et s’efforce de s’ouvrir une voie entre le cocon et la paroi de verre. Les mâles, de taille un peu moindre, ont plus que les femelles la chance de réussir. S’aplatissant, se faisant petits, déformant un peu le cocon, qui revient du reste à son premier état par le fait de son élasticité, ils s’insinuent dans l’étroit défilé et parviennent dans la loge suivante.

Quand elles sont bien pressées de sortir, les femelles en font autant, si le tube s’y prête un peu. Mais la première cloison franchie, une autre se présente. Elle est percée à son tour. Pareillement seront percées la troisième et d’autres encore jusqu’à épuisement des forces, si l’insecte peut y parvenir. Trop faibles pour ses trouées multiples, les mâles ne vont pas loin à travers mes épais tampons. S’ils viennent à bout de percer le premier, c’est tout ce qu’ils peuvent faire, et encore sont-ils loin de réussir toujours. Mais dans les conditions que leur offre la tige natale, ils n’ont à forcer que des diaphragmes de peu de résistance ; et alors s’insinuant, comme je viens de le dire, entre le cocon et la paroi un peu corrodée par la circonstance, ils peuvent franchir les cellules encore occupées et parvenir au dehors