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les premiers, quel que soit leur rang dans l’empilement des loges. Il est possible que leur éclosion précoce leur impose ce mode de sortie qui, s’il est souvent essayé, ne réussit pas toujours. Les femelles, douées de robustes outils, progressent plus loin dans mes tubes. J’en vois qui percent trois ou quatre cloisons de file et s’avancent d’autant de rangs dans la série avant l’éclosion de celles qu’elles ont dépassées. Pendant ce long labeur, d’autres, plus rapprochées de l’orifice, ont frayé un passage, dont profiteront celles qui viennent de plus loin. Il peut se faire ainsi, quand l’ampleur du tube le permet, qu’une Osmie d’un rang reculé arrive néanmoins à sortir des premières.

Dans le canal de la ronce, d’un diamètre exactement égal à celui du cocon, cette évasion par le flanc de la colonne ne me paraît guère praticable, si ce n’est pour quelques mâles, et encore faut-il qu’ils trouvent une paroi assez riche en moelle, où la dénudation puisse leur ouvrir un défilé. Supposons donc un tube assez étroit pour s’opposer à toute sortie anticipant sur l’ordre des loges. Qu’adviendra-t-il ? Rien que de très simple. L’Osmie qui, venant d’éclore et de trouer sa cloison, se trouve en face d’un cocon intact par lequel la voie est obstruée, fait quelques tentatives sur les côtés, et son impuissance reconnue, elle rentre dans sa loge, où elle attend des jours et puis des jours encore, jusqu’à ce que sa voisine rompe à son tour son cocon. Sa patience est inaltérable. Du reste, elle n’est pas mise à une trop longue épreuve, car dans l’intervalle d’une semaine, plus ou moins, toute la file des femelles est éclose.

Si deux Osmies voisines sont libres en même temps, il y a des visites mutuelles à travers le pertuis qui fait