Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

engourdies comme le sont ces larves, ne pourraient-elles tenter quelques parasites assez industrieux pour les atteindre ?

Voici, en effet, des diptères à livrée lugubre, mi-partie blanche et noire, des Anthrax (Anthrax sinuata), volant mollement d’une galerie à l’autre, sans doute pour y déposer leurs œufs ; en voici d’autres, plus nombreux, dont la mission est remplie, et qui, étant morts à la peine, pendent, desséchés, aux toiles d’araignée. Ailleurs, la surface entière d’un talus à pic est tapissée de cadavres secs d’un coléoptère (Sitaris humeralis), appendus, comme les Anthrax, aux réseaux soyeux des araignées. Parmi ces cadavres circulent, affairés, amoureux, insouciants de la mort, des Sitaris mâles s’accouplant avec la première femelle qui passe à leur portée, tandis que les femelles fécondées enfoncent leur volumineux abdomen dans l’orifice d’une galerie et y disparaissent à reculons. Il est impossible de s’y méprendre : quelque grave intérêt amène en ces lieux ces deux insectes qui, dans un petit nombre de jours, apparaissent, s’accouplent, pondent et meurent aux portes mêmes des habitations de l’Anthophore.

Donnons maintenant quelques coups de pioche au sol où doivent se passer les singulières péripéties que l’on soupçonne déjà, où l’année dernière pareilles choses se sont passées ; peut-être y trouverons-nous des témoins du parasitisme présumé. Si l’on fouille l’habitation des Anthophores dans les premiers jours du mois d’août, voici ce qu’on observe : les cellules formant la couche superficielle ne sont pas pareilles à celles qui sont situées à une plus grande profondeur. Cette différence provient de ce que le même établissement est