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exploité à la fois par l’Anthophore et par une Osmie (Osmia tricornis), ainsi que le prouve une observation faite à l’époque des travaux, au mois de mai. Les Anthophores sont les véritables pionniers, le travail du forage de galeries leur appartient en entier ; aussi leurs cellules sont-elles situées tout au fond. L’Osmie profite des galeries abandonnées, soit à cause de leur vétusté, soit à cause de l’achèvement des cellules qui en occupent la partie la plus reculée ; et c’est en les divisant, au moyen de grossières cloisons de terre, en chambres inégales et sans art, qu’elle construit ses cellules. Le seul travail de maçonnerie de l’Osmie se réduit à ces cloisons. C’est d’ailleurs le mode ordinaire adopté, dans leurs constructions, par les diverses Osmies, qui se contentent d’une fissure entre deux pierres, d’une coquille vide d’escargot, de la tige sèche et creuse de quelque plante, pour y bâtir à peu de frais leurs cellules empilées, au moyen de faibles cloisons de mortier.

Les cellules de l’Anthophore, d’une régularité géométrique irréprochable, d’un fini parfait, sont des ouvrages d’art, creusés à une profondeur convenable dans la masse même du banc argilo-sablonneux et sans autre pièce rapportée que l’épais couvercle fermant l’orifice. Ainsi protégées par la prudente industrie de leur mère, hors d’atteinte au fond de leurs retraites solides et reculées, les larves de l’Anthophore sont dépourvues de l’appareil glandulaire destiné à sécréter la soie. Elles ne se filent donc jamais de cocon, mais reposent à nu dans leurs cellules, dont l’intérieur a le poli du stuc. Il faut, au contraire, des moyens de défense dans les cellules de l’Osmie placées dans la couche superficielle du banc, irrégulières, rugueuses