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biles et blotties dans le tas spongieux des enveloppes des œufs, sortent de leur immobilité, se dispersent et parcourent en tous sens les boîtes et les flacons où elles ont passé l’hiver. À leur démarche précipitée, à leurs infatigables évolutions, aisément on devine qu’elles recherchent quelque chose qui leur manque. Cette chose, que peut-elle être, si ce n’est de la nourriture ? N’oublions pas, en effet, que ces larves sont écloses à la fin de septembre, et que depuis cette époque, c’est-à-dire pendant sept mois complets, elles n’ont pris aucune nourriture, bien qu’elles aient passé ce laps de temps avec toute leur vitalité, ainsi que j’ai pu m’en assurer tout l’hiver en les irritant, et non dans une torpeur analogue à celle des animaux hibernants. Aussitôt écloses, elles sont vouées, quoique pleines de vie, à une abstinence absolue de la durée de sept mois ; il est donc naturel de supposer, en voyant leur agitation actuelle, qu’une faim impérieuse les met ainsi en mouvement.

La nourriture désirée ne saurait être que le contenu des cellules de l’Anthophore, puisque plus tard on trouve les Sitaris dans ces cellules. Or, ce contenu se borne ou à du miel ou à des larves. J’ai conservé précisément des cellules d’Anthophore occupées par des nymphes ou par des larves. J’en mets quelques-unes, soit ouvertes, soit fermées, à la portée des jeunes Sitaris, comme je l’avais déjà fait immédiatement après l’éclosion. J’introduis même les Sitaris dans les cellules : je les dépose sur les flancs de la larve, succulent morceau, tout semble le dire ; je m’y prends de toutes les manières pour tenter leur appétit ; et après avoir épuisé mes combinaisons, toujours infructueuses, je