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nés, quelques-uns de ces documents des époques préhistoriques qui abondent sur le revers méridional de la montagne, haches en serpentine, tessons de poterie noire, pointes de flèche et de lance en silex, éclats, racloirs, nucléus. — « Que fait ton maître de ces payrards (pierre à fusil) ? », demande un survenant. — « Il en fabrique du mastic pour les vitriers », riposte Favier d’un air solennellement affirmatif.

Je venais de récolter une poignée de crottes de lapin où la loupe m’avait révélé une végétation cryptogamique digne d’examen ultérieur. Survient un indiscret qui m’a vu recueillir soigneusement dans un cornet de papier la précieuse trouvaille. Il soupçonne une affaire d’argent, un commerce insensé. Tout, pour l’homme de la campagne, doit se traduire par le gros sou. À ses yeux, je me fais de grosses rentes avec ces crottes de lapin. — « Que fait ton maître de ces pétourles ? ( c’est le mot de l’endroit) », demande-t-il insidieusement à Favier. — « Il les distille pour en retirer l’essence », répond mon homme avec un aplomb superbe. Abasourdi par la révélation, le questionneur tourne le dos et s’en va.

Mais ne nous attardons pas davantage avec le troupier goguenard, si prompt à la répartie, et revenons à ce qui attirait mon attention dans le laboratoire de l’harmas. Quelques Ammophiles exploraient pédestrement, avec courtes volées par intervalles, tantôt les points gazonnés, tantôt les points dénudés. Déjà vers le milieu de mars, quand survenait une belle journée, je les avais vues se chauffer délicieusement au soleil sur la poudre des sentiers. Toutes appartenaient à la même espèce, l’Ammophile hérissée, Ammophila hir-