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suta Kirb. J’ai fait connaître, dans le premier volume de ces Souvenirs, l’hibernation de cette Ammophile et ses chasses printanières, à une époque où les autres hyménoptères giboyeurs sont encore renfermés dans leurs cocons ; j’ai décrit sa manière d’opérer la chenille destinée à la larve ; j’ai raconté ses coups d’aiguillon multiples, distribués aux divers centres nerveux. Cette vivisection si savante, je ne l’avais vue encore qu’une fois, et je désirais bien la revoir. Peut-être quelque chose m’avait échappé dans ma lassitude d’une longue course, et si réellement j’avais tout bien vu, il convenait de renouveler l’observation pour lui donner une authenticité incontestable. J’ajoute que, dût-on y assister cent fois, on ne se lasserait pas du spectacle dont je désirais être de nouveau témoin.

Je surveillais donc mes Ammophiles depuis leur première apparition ; et les ayant là, chez moi, à quelques pas de ma porte, je ne pouvais manquer de les surprendre en chasse si mon assiduité ne se relâchait pas. La fin de mars et avril se passèrent en vaines attentes, soit que le moment de la nidification ne fût pas encore venu, soit plutôt parce que ma surveillance était mise en défaut. Enfin le 17 mai, l’heureuse chance se présenta.

Quelques Ammophiles me paraissent très affairées ; suivons l’une d’elles, plus active que les autres. Je la surprends donnant les derniers coups de râteau à son terrier, dans le sol battu d’une allée, avant d’y introduire sa chenille qui, déjà paralysée, doit avoir été abandonnée provisoirement par le chasseur à quelques mètres du domicile. L’antre reconnu convenable, la porte jugée assez spacieuse pour l’accès d’un volumi-