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et la difficulté sera levée. Le récit de pareils faits n’a pas besoin de commentaires. Cette destruction de l’œuf embarrassant est d’autant plus inévitable, que des goûts spéciaux imposent à la jeune larve de Sitaris d’en faire sa première nourriture. On voit d’abord, en effet, l’animalcule s’abreuver avec avidité des sucs que laisse écouler l’enveloppe lacérée de l’œuf ; et pendant plusieurs jours, on peut l’observer tantôt immobile sur cette enveloppe, qu’il fouille par intervalles avec la tête, tantôt la parcourir d’un bout à l’autre pour l’éventrer encore, et en faire sourdre quelques sucs, de jour en jour plus rares ; mais on le surprend jamais à puiser dans le miel qui l’environne de toutes parts.

Il est d’ailleurs facile de se convaincre qu’à l’office d’appareil de sauvetage, l’œuf réunit celui de première ration. J’ai déposé à la surface du miel d’une cellule une bandelette de papier ayant les dimensions de l’œuf ; et sur ce radeau, j’ai placé une larve de Sitaris. Malgré tous les soins, mes essais, plusieurs fois réitérés, ont constamment échoué. La larve, déposée au centre de l’amas de miel sur un esquif de papier, se comporte comme dans les expérimentations précédentes. Ne trouvant pas ce qui lui convient, elle cherche à s’échapper et périt engluée, dès qu’elle abandonne la bandelette de papier, ce qui ne tarde pas à arriver.

En prenant, au contraire, des cellules d’Anthophore non envahies par le parasite, et dont l’œuf n’est pas encore éclos, on peut aisément élever des larves de Sitaris. Il suffit de happer une de ces larves avec le bout mouillé d’une aiguille, et de la poser délicatement sur l’œuf. Il n’y a plus alors la moindre tentative d’évasion. Après avoir exploré l’œuf pour s’y recon-