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bord des Anthophores. Si l’abeille, débarrassée préalablement des parasites qu’elle peut porter, est saisie par les ailes et mise un instant en contact avec la fleur, on la trouve invariablement, après ce contact rapide, envahie par des Méloés accrochés à ses poils. Ceux-ci gagnent prestement un point du thorax, généralement les épaules, les flancs, et, arrivés là, ils restent immobiles : la seconde étape de leur étrange voyage est atteinte.

Après les Anthophores, j’ai essayé les premiers insectes vivants qu’il m’a été possible de me procurer sur-le-champ : des Eristales, des Calliphores, des Abeilles domestiques, de petits Papillons. Tous ont été également envahis par les Méloés, sans hésitation ; mieux encore, sans tentatives pour revenir sur les fleurs. Faute de pouvoir trouver à l’instant des coléoptères, je n’ai pu expérimenter avec ces derniers. Newport, opérant il est vrai dans des conditions bien différentes des miennes, puisque ses observations portaient sur des jeunes Méloés captifs dans un flacon, tandis que les miennes étaient faites dans les circonstances normales, Newport, dis-je, a vu les Méloés s’attacher au corps d’un Malachius, et y rester immobiles ; ce qui me porte à croire qu’avec des coléoptères j’aurais obtenu les mêmes résultats qu’avec un Eristale, par exemple. Et, en effet, il m’est arrivé plus tard de trouver des larves de Méloé su le corps d’un gros coléoptère, la Cétoine dorée, hôte assidu des fleurs.

La classe des insectes épuisée, j’ai mis à leur portée ma dernière ressource, une grosse Araignée noire. Sans hésitation, ils ont passé de la fleur sur l’aranéide, ont gagné le voisinage des articulations des pattes et