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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

de trépidation. Leurs extrémités s’appliquent un moment, se moulent en quelque sorte sur le point exploré. On dirait deux filaments tactiles, deux longs doigts d’une incomparable mobilité, qui s’informent en palpant. Mais le toucher ne peut intervenir pour révéler ce qu’il y a sous terre ; ce qu’il faudrait palper, c’est le ver gris ; et ce ver est reclus dans son terrier à quelques pouces de profondeur.

On pense alors à l’odorat. Les insectes, c’est incontestable, possèdent, souvent très développé, le sens de l’olfaction. Les Nécrophores, les Silphes, les Histers, les Dermestes accourent de tous côtés au point où gît un petit cadavre, dont il faut expurger le sol. Guidés par l’odorat, ces ensevelisseurs se hâtent vers la taupe morte.

Mais si le sens de l’olfaction est certain chez l’insecte, on se demande encore où en est le siège. Beaucoup affirment que ce siège est dans les antennes. Admettons-le, bien qu’il soit difficile de comprendre comment une tige d’anneaux cornés, articulés bout à bout, peut remplir l’office d’une narine à structure si profondément différente. L’organisation des appareils n’ayant rien de commun, les impressions perçues sont-elles bien de même nature ? Quand les outils sont dissemblables, leurs fonctions restent-elles similaires ?

D’ailleurs, avec notre hyménoptère, se présentent de graves objections. L’odorat est un sens passif plutôt qu’actif ; il ne va pas au-devant de l’impression comme le fait le toucher, il la subit ; il ne s’enquiert pas de l’effluve odorant, il reçoit quand il arrive. Or les antennes de l’Ammophile sont continuellement agissantes ; elles s’informent, elles vont au-devant de