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insurgé contre ses maîtres, fort d’arguments que je crois invincibles, je me suis mis en recherches, convaincu de réussir. J’ai réussi, en effet ; j’ai trouvé ce que je cherchais, j’ai trouvé mieux encore. Racontons les choses par leur détail.

Diverses Odynères sont établies dans mon voisinage. J’en connais une qui prend possession des nids abandonnés de l’Eumène d’Amédée. Ce nid, construction d’une rare solidité, n’est pas masure lorsque son propriétaire déménage ; il perd seulement son goulot. La coupole, conservée intacte, est un réduit fortifié trop commode pour rester vacant. Quelque araignée adopte la caverne après l’avoir tapissée de soie ; des Osmies s’y réfugient en temps de pluie ou bien en font dortoir pour passer la nuit ; une Odynère la divise avec des cloisons d’argile en trois ou quatre chambres qui deviennent le berceau d’autant de larves. Une seconde espèce utilise les nids abandonnés du Pélopée ; une troisième, enlevant la moelle d’une tige sèche de ronce, obtient, pour sa famille, un long étui qu’elle subdivise en étages ; une quatrième fore un couloir dans le bois mort de quelque figuier ; une cinquième se creuse un puits dans le sol d’un sentier battu et le surmonte d’une margelle cylindrique et verticale. Toutes ces industries sont dignes d’étude, mais j’aurais préféré retrouver l’industrie rendue célèbre par Réaumur et L. Dufour.

Sur un talus vertical de terre rouge argileuse, je découvre enfin, en petit nombre, les indices d’une bourgade d’Odynères. Ce sont les cheminées caractéristiques dont parlent les deux historiens, c’est-à-dire les tubes courbes façonnés en guillochis, qui pendent