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Renseignement pris, mon Odynère ne répond pas à ce que j’attendais. Ce n’est pas l’espèce dont parle Réaumur (Odynerus spinipes) ; ce n’est pas davantage l’espèce étudiée par L. Dufour (Odynerus Reaumurii) ; c’en est une autre (Odynerus reniformis Latr.), différente quoique adonnée à la même industrie. Déjà le naturaliste des Landes s’était laissé prendre à cette parité d’architecture, de provisions, de mœurs ; il croyait avoir sous les yeux la Guêpe solitaire de Réaumur lorsqu’en réalité son constructeur de tubes différait spécifiquement.

L’ouvrier nous est connu ; reste à connaître l’œuvre. L’entrée du nid s’ouvre dans la paroi verticale du talus. C’est un trou rond sur le bord duquel est maçonné un tube courbe dont l’orifice est tourné vers le bas. Construit avec les déblais de la galerie en construction, ce vestibule tubulaire se compose de grains terreux, non disposés en assises continues et laissant de petits intervalles vides. C’est un ouvrage à jour, une dentelle d’argile. La longueur en est d’un pouce environ, et le diamètre intérieur de cinq millimètres. À ce portique fait suite la galerie, de même diamètre et plongeant obliquement dans le sol jusqu’à la profondeur d’un décimètre et demi à peu près. Là, ce couloir principal se ramifie en brefs corridors, qui donnent chacun accès dans une cellule indépendante de ses voisines. Chaque larve a sa chambre, dont le service peut se faire par une voie spéciale. J’en ai compté jusqu’à dix, et peut-être y en a-t-il davantage. Ces chambres n’ont rien de particulier ni pour le travail ni pour l’ampleur ; ce sont de simples culs-de-sac terminant les corridors d’accès. Il y en a d’horizontales, il y en a de plus ou