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moins inclinées, sans règle fixe. Quand une cellule contient ce qu’elle doit contenir, l’œuf et les vivres, l’Odynère en ferme l’entrée avec un opercule de terre ; puis elle en creuse une autre dans le voisinage, latéralement à la galerie principale. Enfin la voie commune des cellules est obstruée de terre, le tube de l’entrée est démoli pour fournir des matériaux au travail de l’intérieur, et tout vestige du logis disparaît.

La couche extérieure du talus est de l’argile cuite au soleil, presque de la brique. C’est avec peine que je l’entame en me servant d’une petite houlette de poche. Par-dessous, c’est beaucoup moins dur. Comment fait ce frêle mineur pour s’ouvrir une galerie dans cette brique ? Il emploie, je ne peux en douter, la méthode décrite par Réaumur. Je reproduirai donc un passage du maître pour donner à mes jeunes lecteurs un aperçu des mœurs des Odynères, mœurs que ma très petite colonie ne m’a pas permis d’observer dans tous les détails.

« C’est vers la fin de mai que ces Guêpes se mettent à l’ouvrage, et on peut en voir d’occupées à travailler pendant tout le mois de juin. Quoique leur véritable objet ne soit que de creuser dans le sable un trou profond de quelques pouces, et dont le diamètre surpasse peu celui de leur corps, on leur en croirait un autre ; car, pour parvenir à faire ce trou, elles construisent en dehors un tuyau creux qui a pour base le contour de l’entrée du trou, et qui, après avoir suivi une direction perpendiculaire au plan où est cette ouverture, se contourne en bas. Ce tuyau s’allonge à mesure que le trou devient plus profond ; il est construit du sable qui en a été tiré ; il est fait en filigrane grossier ou en