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équivoque : il est clair qu’il est destiné à recevoir un œuf avec une provision d’aliments. Mais on ne voit pas de même à quelle fin cette mère a bâti le tuyau de mortier. En continuant à suivre ses travaux, on saura qu’il est pour elle ce qu’un tas de moellons bien arrangé est pour les maçons qui bâtissent un mur. Tout le trou qu’elle a creusé ne doit pas servir de logement à la larve qui doit naître dedans ; une portion lui suffira. Il a été cependant nécessaire qu’il fût fouillé jusqu’à une certaine profondeur, afin que la larve ne se trouvât pas exposée à une chaleur trop grande, quand les rayons du soleil tomberont sur la couche extérieure de sable. Elle ne doit habiter que le fond du trou. La mère sait la capacité qu’elle doit laisser vide et elle la conserve ; mais elle bouche tout le reste, et elle fait rentrer dans la partie supérieure du trou tout ce qu’il faut du sable qu’elle en a ôté, pour le boucher. C’est pour avoir ce mortier à sa portée, qu’elle a formé ce tuyau. Une fois l’œuf déposé et la provision d’aliments mise à sa portée, on voit la mère venir ronger le bout du tuyau, après l’avoir mouillé, porter cette pelote dans l’intérieur, et revenir ensuite en prendre d’autres de la même manière, jusqu’à ce que le trou soit bouché jusqu’à l’orifice. »

Réaumur continue en parlant des vivres amassés dans les cellules, des vers verts comme il les appelle, insoucieux de l’affreuse consonance. N’ayant pas vu les mêmes choses parce que mon Odynère est d’espèce différente, je reprends la parole. Je n’ai fait le dénombrement des pièces de gibier que pour trois cellules : la colonie était pauvre ; il fallait la ménager si je voulais jusqu’au bout suivre l’histoire. Dans l’une