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sable et se charge d’une autre pelote de mortier. Bientôt elle parvient à avoir tiré assez de sable pour rendre l’entrée du trou sensible, et avoir fait la base du tuyau.

« Mais l’ouvrage ne peut aller vite qu’autant que la Guêpe est en état d’humecter le sable. Elle est obligée de se déranger pour renouveler sa provision d’eau. Je ne sais si elle allait simplement se charger d’eau à quelque ruisseau, ou si elle tirait de quelque plante ou de quelque fruit une eau plus gluante ; ce que je sais mieux, c’est qu’elle ne tardait pas à revenir et à travailler avec une nouvelle ardeur. J’en observai une qui parvint dans une heure environ à donner au trou la longueur de son corps et éleva un tuyau aussi haut que le trou était profond. Au bout de quelques heures, le tuyau était élevé de deux pouces et elle continuait encore à approfondir le trou qui était au-dessous.

« Il ne m’a pas paru qu’elle eût de règle par rapport à la profondeur qu’elle lui donne. J’en ai trouvé dont le trou était à plus de quatre pouces de l’ouverture, d’autres dont le trou n’en était distant que de deux ou trois pouces. Sur tel trou on voit aussi un tuyau deux ou trois fois plus long que celui d’un autre. Tout le mortier enlevé du trou n’est pas toujours employé à sa prolongation. Dans le cas où elle lui a donné à son gré une longueur suffisante, on la voit simplement arriver à l’orifice du tuyau, avancer la tête par delà le bord et jeter aussitôt sa pelote, qui tombe à terre. Aussi ai-je observé souvent une quantité de décombres au pied de certains trous.

« La fin pour laquelle ce trou est percé dans un massif de mortier ou de sable ne saurait paraître