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LES ÉPEIRES

sion est évidente : la glu des Épeires est une substance très hygrométrique. Dans une atmosphère saturée d’humidité, elle s’imprègne abondamment et filtre par exsudation à travers la paroi des fils tubulaires.

Ces données nous expliquent certains faits relatifs au travail de la toile. L’Épeire fasciée et l’Épeire soyeuse adultes s’occupent du tissage à des heures très matinales, bien avant l’aube. Si l’air devient brumeux, il leur arrive de laisser l’ouvrage inachevé ; elles édifient la charpente générale, tendent les rayons, décrivent même la spirale auxiliaire, pièces qui sont toutes inaltérables par un excès d’humidité ; mais elles se gardent bien de travailler aux gluaux, qui, imprégnés par le brouillard, se résoudraient en loques visqueuses et perdraient leur efficacité en se délavant. Le filet commencé s’achèvera la nuit suivante, si l’atmosphère est propice.

Si la haute hygrométrie du fil captateur a des inconvénients, elle a surtout des avantages. Les deux Épeires, chassant de jour, affectionnent les chaudes expositions, violemment ensoleillées, où les Criquets se complaisent. Sous les torridités de la canicule, à moins de dispositions spéciales, les gluaux seraient donc exposés à se dessécher, à se racornir en filaments inertes et rigides. C’est tout le contraire qui arrive. Aux heures les plus brûlantes, ils se maintiennent toujours souples, toujours élastiques et de mieux en mieux adhésifs.

Comment cela ? Par le seul fait de leur puissante hygrométrie. L’humidité dont l’air n’est jamais dépourvu, lentement les pénètre ; elle délaye au degré requis l’épais contenu de leurs tubes et le fait transsuder au dehors, à mesure que s’épuise la viscosité précédente. Quel oiseleur serait capable de rivaliser avec