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SOUVENIRS MATHÉMATIQUES

conséquences des lois de Kepler ! On y deviendrait fou. Décampons au plus vite.

Je sais, à une paire de kilomètres, une étendue désolée, caillouteuse, aimée du Motteux et du Criquet. Là, calme parfait, et de plus quelques buissons d’yeuse qui me prêteront leur ombre avare. Je prends mon livre, quelques feuilles de papier, un crayon, et je m’encours dans cette solitude. Ah ! le beau silence, la magnifique tranquillité ! Mais le soleil est accablant sous le maigre couvert des broussailles. Hardi, mon garçon ! pioche les lois de Kepler en compagnie des Criquets à ailes bleues. Tu rentreras, tes calculs débrouillés, mais l’épiderme rôti. Une insolation sur la nuque sera la suite de la loi des aires comprise. Ceci dédommage de cela.

Le reste de la semaine, j’ai le jeudi, j’ai les soirées employées en séances d’étude jusqu’à ce que le sommeil me terrasse. En somme, malgré la servitude scolaire, le temps ne fait pas défaut. L’essentiel est de ne pas se laisser décourager par les inévitables obscurités du début. Je m’égare aisément dans cette forêt touffue, encombrée de lianes qu’il faut abattre à coups de hache pour obtenir une éclaircie. En quelques détours heureux, je me retrouve. Je me perds encore. La hache opiniâtre fait sa trouée sans obtenir toujours clarté satisfaisante.

Le livre est le livre, c’est-à-dire un texte laconique invariable, très savant, j’en conviens, mais, hélas ! en bien des cas obscur. L’auteur, semble-t-il, l’a écrit pour lui-même. Il a compris, donc les autres doivent comprendre. Pauvres novices, livrés à vous-mêmes, tirez-vous de là comme vous le pourrez.

Pour vous nul retour de la difficulté présentée d’une