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L’ARAIGNÉE CLOTHO

Le bord de la coupole rayonne en une douzaine de prolongements anguleux, dont la pointe épanouie se fixe à la pierre. Entre ces lanières de suspension s’ouvrent autant de spacieuses arcades renversées. C’est, mais dans une position inverse, la demeure en poil de chameau, la tente de l’Ismaélite. Un toit aplati, tendu entre les lanières d’attache, clôt en haut l’habitation.

Où donc est l’entrée ? Toutes les arcades du bord s’ouvrent sur la toiture, aucune ne conduit à l’intérieur. En vain le regard explore, rien ne dénote un passage de communication entre le dedans et le dehors. Cependant la propriétaire de la case doit sortir de temps à autre, ne serait-ce que pour aller aux vivres ; sa tournée faite, elle doit rentrer. Par où passe-t-elle ? Un bout de paille va nous dire le secret.

Promenons-le sur le seuil des diverses arcades. De partout résistance à la paille exploratrice, de partout rigoureuse clôture. Ne différant en rien des autres pour l’aspect, un seul des festons, adroitement sollicité, se dédouble sur le bord en deux lèvres et bâille un peu. Voilà, la porte, aussitôt refermée par sa propre élasticité. Ce n’est pas tout : rentrée chez elle, l’Araignée fréquemment met les verrous, c’est-à-dire qu’avec un peu de soie elle rapproche et maintient fixes les deux battants de l’huis.

Dans son terrier à couvercle non distinct du sol et mobile autour d’une charnière, la Mygale maçonne n’est pas mieux en sécurité que la Clotho dans sa tente, inviolable pour tout ennemi non au courant de la méthode. En péril, celle-ci vite accourt chez elle ; d’un coup de griffette, elle fait bâiller la fissure ; elle entre, elle disparaît. La porte se ferme d’elle-même, munie au