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LE SCORPION LANGUEDOCIEN

accomplis par la matrone après la pariade. Reconnaître ce qu’il y a de fondé dans ce soupçon ne m’est pas possible jusqu’à l’année suivante ; je suis encore trop mal outillé.

Le printemps revient. À l’avance, j’ai préparé la vaste cage vitrée, peuplée de vingt-cinq habitants, chacun avec sa tuile. Dès le milieu d’avril, tous les soirs, à la nuit close, entre sept et neuf heures, l’animation de fait grande dans le palais de verre. Ce qui, de jour, semblait désert, devient scène réjouissante. À peine le souper fini, toute la maisonnée y accourt. Une lanterne appendue devant le vitrage nous permet de suivre les événements.

C’est notre distraction après les tracas de la journée ; c’est notre spectacle. En ce théâtre de naïfs, les représentations sont de tel intérêt que, dès l’allumage de la lanterne, petits et grands nous venons tous prendre place au parterre ; tous, même Tom, le chien de la maison. Indifférent aux choses du Scorpion, en vrai philosophe qu’il est, Tom, il est vrai, se couche à nos pieds et sommeille, mais rien que d’un œil, l’autre toujours ouvert sur ses amis, les enfants.

Essayons de donner au lecteur une idée de ce qui se passe. À proximité du vitrage, dans la zone discrètement éclairée par la lanterne, bientôt se forme nombreuse assemblée. Partout ailleurs, de-ci, de-là, se promènent des isolés qui, attirés par la lumière, quittent l’ombre et accourent aux réjouissances de l’illumination. Les papillons nocturnes ne viennent pas mieux aux clartés de nos lampes. Les nouveaux venus se mêlent à la foule, tandis que d’autres, lassés des ébats, se retirent dans l’ombre, quelques instants s’y reposent, puis, fougueux, rentrent en scène