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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

En quelques minutes la plupart sont là-haut, plaquées contre le plafond.

Toutes n’y arrivent pas. J’en vois qui, parvenues à une certaine élévation, cessent de monter et même reculent, bien que progressant des pattes avec toute la prestesse dont elles sont capables. Plus elles cheminent vers le haut, plus elles descendent. Cette dérive, qui annule le chemin fait et même le convertit en un déplacement inverse, est d’explication aisée.

Le fil n’a pas atteint le plafond ; il flotte, fixé seulement à sa base. Tant qu’il est de longueur convenable, il peut, quoique mouvant, soutenir le poids de l’animalcule. Mais à mesure que l’Araignée monte, le flotteur se raccourcit d’autant, et un moment arrive où l’équilibre se fait entre la force ascensionnelle du fil et la charge soutenue. Alors la bestiole reste stationnaire, quoique grimpant toujours.

Puis la charge l’emporte sur le flotteur, de plus en plus raccourci, et l’Araignée rétrograde, malgré sa continuelle marche en avant. Enfin elle est ramenée sur le rameau par le fil rabattu. Là bientôt l’ascension est reprise, soit sur un nouveau fil si les burettes à soie ne sont pas encore épuisées, soit sur un fil étranger, travail des devancières.

D’ordinaire le plafond est atteint. Il est élevé de quatre mètres. La petite Épeire peut donc, comme premier produit de sa filature, avant d’avoir pris aucune réfection, obtenir un cordon de quatre mètres au moins de longueur. Et tout cela, le cordier et sa corde, était contenu dans l’œuf, un globule de rien. À quel degré de ténuité peut donc se travailler la matière soyeuse dont est pourvue la jeune Araignée ! Notre