Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

Là, chacune tire de sa corderie un fil qu’elle abandonne aux remous de l’air. Mollement soulevé par les courants ascendants venus du sol que chauffe le soleil, ce fil monte, flotte, ondule, fait effort sur son point d’attache. Enfin il se rompt et disparaît au loin, emportant avec lui le filateur appendu.

L’Épeire à triple croix blanche, celle qui vient de nous fournir ces premières données sur la dissémination, est de médiocre industrie maternelle. Comme récipient des œufs, elle tisse une simple pilule de soie. Combien modeste est son ouvrage à côté des ballons de l’Épeire fasciée ! C’est de ces derniers que j’attendais les meilleurs documents. J’en avais fait provision en élevant des mères en automne. Afin que rien d’essentiel n’échappât à ma surveillance, mon avoir en ballons, ourdis la plupart sous mes yeux, formait deux séries. Une moitié restait dans mon cabinet, sous une cloche en toile métallique, avec menus bouquets de broussailles pour supports ; l’autre moitié subissait les vicissitudes de l’air libre sur les romarins de l’enclos.

Ces préparatifs, riches de promesses, ne m’ont pas valu le spectacle que j’attendais, c’est-à-dire une exode superbe, digne du tabernacle habité. Quelques résultats cependant sont à noter, non dépourvus d’intérêt. Exposons-les brièvement.

L’éclosion se fait aux approches de mars. Cette époque venue, ouvrons avec des ciseaux le nid ampullaire de l’Épeire fasciée. Nous y trouverons des jeunes déjà sortis de la loge centrale et répandus dans l’édredon environnant, tandis que le reste de la ponte persiste encore en un amas compact d’œufs orangés. L’appari-