Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

tanément lancées, La comparaison est exacte jusque dans l’éclat. Flamboyant au soleil en ponctuations radieuses, les petites Araignées sont les étincelles de cette pyrotechnie vivante. Quel glorieux départ, quelle entrée dans le monde ! Agrippé à son fil aéronautique, l’animalcule monte dans une apothéose.

Tôt on tard, près ou loin, se fait la chute. Pour vivre, il faut descendre, hélas ! souvent bien bas. L’Alouette huppée, émiettant sur la grand’route le crottin de mulet, y cueille sa nourriture, le grain d’avoine qu’elle ne trouverait pas en planant dans les cieux, le gosier gonfle de chansons. Il faut descendre ; le manger inexorablement le veut. La petite Araignée atterrit donc. La gravité lui est clémente, modérée qu’elle est par le parachute.

Le reste de son histoire m’échappe. Avant d’être de force à juguler l’Abeille, de quels infimes moucherons fait-elle capture ? Quelles sont les méthodes, les ruses de l’atome en lutte avec l’atome ? En quels abris enfin passe-t-elle l’hiver ? Je l’ignore. Nous la retrouverons au printemps, grandelette et tapie parmi les fleurs où l’Abeille butine.