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VI

LES ÉPEIRES. — CONSTRUCTION DE LA TOILE

Le filet de l’oiseleur est une des ingénieuses scélératesses de l’homme. Au moyen de cordages, de piquets et de quatre bâtons, deux grandes nappes de mailles couleur de terre sont tendues sur le sol, l’une à droite, l’autre à gauche d’une aire dénudée. Une longue corde, que manœuvre, au moment opportun, le chasseur blotti dans une hutte de broussailles, les fait mouvoir et brusquement les rabat à la façon de volets qui se ferment.

Entre les deux sont réparties les cages des appelants, linottes et pinsons, verdiers et bruants jaunes, proyers et ortolans, qui, d’ouïe subtile, perçoivent à distance le passage d’une bande des leurs et lancent aussitôt une brève note d’appel. L’un d’eux, le sambé, irrésistible tentateur, sautille et bat des ailes en apparente liberté. Un cordon le retient à son poteau de forçat. Si, brisé de fatigue, désespéré de ses vains efforts pour s’en aller, le patient se couche sur le ventre et refuse de fonctionner, il est loisible à l’oiseleur de le ranimer sans bouger de sa hutte. Une longue ficelle fait jouer un petit levier mobile sur un pivot. Soulevé de terre par la diabolique machinette, l’oiseau vole, retombe, remonte à chaque secousse du cordon.

Au doux soleil d’une matinée d’automne, l’oiseleur