Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/34

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PHILINTE.

Le devoir…Un refus ? Clair et net, je vous jure.

ALCESTE.

Adieu : votre amitié me serait une injure.

PHILINTE.

Écoutez, s’il vous plaît…

ALCESTE.

Écoutez, s’il vous plaît…Eh ! que me direz-vous,
Pour excuser l’horreur… ?

PHILINTE.

Pour excuser l’horreur… ? Oh ! s’il faut du courroux
Et sortir hors des gonds, à son tour, pour répondre
On aura de l’humeur, et de quoi vous confondre.
J’entends, je vois, je sens l’objet dont il s’agit,
Et par tous ses côtés, et dans tout son esprit.
Mais faut-il pour cela, suivant votre marotte,
Dans les événements faire le don Quichotte ?
Un homme est malheureux : aussitôt, tout en pleurs,
Jetez-vous comme un sot à travers ses malheurs,
Et, pour prix de vos soins et de votre entremise,
Vous aurez votre part du fruit de sa sottise.
Oui, sottise souvent, oui, monsieur ; et, du moins,
Je vois qu’elle est ici claire dans tous les points.
L’homme imprudent pour qui votre cœur sollicite
Dans son revers fâcheux n’a que ce qu’il mérite.
Un fripon trouve un sot ; et, par un lâche abus,
Lui surprend un billet de deux cent mille écus ;
Tant pis pour le perdant ! il payera ses méprises :
Car on ne fit jamais de pareilles sottises.

ALCESTE.

Ne se trompe-t-on pas, et n’est-on pas trompé ?

PHILINTE.

Non, jamais à ce point.

ALCESTE.

Non, jamais à ce point.Avez-vous échappé,
Vous, monsieur, constamment, toujours, à l’imposture ?

PHILINTE.

Toujours. Et si jamais, mon cher, je vous le jure,
On me surprend avec cette dextérité,