Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/63

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Laisse au morne loisir bercer son indolence,
Sont les fruits corrompus qu’au milieu de l’ennui
L’égoïsme enfanta, qui remontent vers lui,
Pour en mieux affermir le triste caractère,
Mais aussi de ces fruits dérive leur salaire.
Votre âme est tout orgueil, votre esprit vanité ;
La hauteur elle seule est votre dignité.
Du reste, anéanti, sans feu, sans énergie,
Vous immolez l’honneur à votre léthargie ;
Et, dupe des méchants, vous savez, sans rougir,
Marchander avec eux un reste de plaisir.
Faites, faites, Monsieur.

PHILINTE.

Faites, faites, Monsieur.Eh ! mon Dieu, cher Alceste,
Délivrons-nous soudain d’un embarras funeste,
Et donnons-nous le temps de suivre, à son signal,
La fortune propice à réparer le mal.
(À l’avocat.)
Vous, monsieur, je vous prie, arrangez cette affaire.


Scène VI

ALCESTE, L’AVOCAT, PHILINTE, DUBOIS.
DUBOIS, avec humeur.

Ce monsieur… procureur… il est là.

L’AVOCAT.

Ce monsieur… procureur… il est là.Je vais faire
Tout ce qui dépendra de moi dans ce moment.

ALCESTE, indigné.

Ah ! je ne reste point à cet arrangement.
Ce serait pour mon cœur un chagrin trop sensible,
Que l’aspect d’un pervers qui, d’une âme paisible,
Et sous cape riant des affronts qu’il a faits,
En triomphe remporte un prix de ses forfaits.

(Il sort.)