Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/62

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Est un sage moyen que l’on suit prudemment,
Quand d’une et d’autre part, avec pleine assurance,
On peut d’un droit réel établir l’apparence ;
Et la faiblesse même alors peut, je le crois,
S’applaudir d’acheter la paix par quelques droits.
Mais tout ce que monsieur vient de vous faire entendre
Est ici, sans détour, le parti qu’il faut prendre.
C’est mon avis sincère ; et je ne doute point
Qu’en vous en écartant dans le plus petit point,
Que si vous exigez que j’entame et ménage
Un traité toujours fait avec désavantage,
On n’aille l’exiger ou fâcheux par le prix,
Ou fatal à vos droits pour l’avoir entrepris.

PHILINTE.

Et dois-je tout risquer, monsieur ?

L’AVOCAT.

Et dois-je tout risquer, monsieur ? J’ose répondre
Que le fourbe saura lui-même se confondre ;
En marchant droit à lui nous saurons le braver,
Et sa friponnerie enfin peut se prouver.
Hier, j’en craignais bien plus l’effet et l’importance,
Mais attentivement j’ai lu votre défense,
Les lettres, les états et les comptes nombreux
Qui parlent clairement contre ce malheureux.
L’affaire est, je le sais, longue et désagréable…

PHILINTE.

Voilà précisément la crainte qui m’accable :
Et quand je considère avec attention
Le fardeau qui m’attend en cette occasion,
Tant de soins à porter, d’intérêts à restreindre,
De gens à ménager et d’ennemis à craindre,
Tant de travail, de gêne et d’ennuyeux propos,
Je veux d’un peu d’argent acheter mon repos.

ALCESTE, amèrement.

Oui, suivez ce projet ; et, quoiqu’il me déplaise,
Vous mettez mon humeur et mon esprit à l’aise.
Vos jours voluptueux, mollement écoulés
Dans cet affaissement dont vous vous accablez ;
Ce goût de la paresse, où la froide opulence