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ACTE CINQUIÈME


Scène I

ÉLIANTE, PHILINTE.
PHILINTE.

Vous ne voulez donc pas absolument m’entendre,
Madame ? ou vous feignez de ne me pas comprendre ?
Ne parlé-je pas clair ? Oui, je cours le hasard
De voir nos biens saisis, saisis de toute part ;
Et comme de ces biens la plus grande partie,
Parce qu’elle est à vous, peut être garantie,
Il est bon d’empêcher, et par provision,
La gêne et le tracas de cette invasion.
Et si vous ne venez, oui, vous-même en personne,
Opposer à la loi les droits qu’elle vous donne,
Quand bien même nos vœux auraient un plein succès,
Il faudra soutenir la longueur d’un procès ;
Et si l’on saisit tout une fois, la chicane
Saura bien reculer ce que la loi condamne.
Vos droits seront très bons, mais vos biens très saisis.
Prévenons donc les coups que l’on aurait choisis.
L’active avidité nous entoure et nous presse.
Tant qu’il reste à jouir, caressons la paresse.
Mais quand de tous côtés on se voit investi,
Il faut bien se résoudre à prendre son parti.
Hâtons-nous donc, madame, et prenons l’avantage.
Je compte vingt maisons à voir dans ce voyage,
Notaires, avocats, agents à prévenir,
La moitié de Paris ensemble à parcourir.

ÉLIANTE.

Je comprends très bien. Mais, en mon âme éperdue,
Une voix plus puissante est encore entendue.
De vos précautions le but intéressant,
Fût-il encore, monsieur, mille fois plus pressant,
Je crois que les malheurs du généreux Alceste