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POUR QU’ON LISE PLATON

vous la considérez comme art de persuader ce qui est utile à l’orateur, je lui dénie le nom d’art et je l’appelle simplement astuce ou fourberie, et je ne m’en occupe plus ; et si vous la considérez comme art de persuader ce qui est utile aux hommes, je l’appelle simplement la morale appliquée aux affaires judiciaires et aux affaires politiques.

Et il en est ainsi de tous les arts. Tous, ou ils ne sont que des procédés qui n’ont d’autre but qu’eux-mêmes et alors ils sont tellement insignifiants qu’ils sont de purs riens, si encore ils ne sont pas funestes, corrupteurs, etc. ; ou ils ont un but, celui de rendre les hommes plus heureux, et les hommes ne peuvent être heureux que par le bien et, par conséquent, les arts rentrent dans la morale, et il n’y a qu’un art, la morale, se subdivisant en un certain nombre d’autres arts, selon ses aspects.

Vous me criez que cela est un sophisme, un tour d’esprit, oratoire lui-même, et sous lequel il ne faut voir que cette idée que tous les arts et du reste tout ce que fait l’homme, doivent tendre à la morale comme à leur dernière fin.

Mais je le veux très bien ; car cette nouvelle idée n’est que l’autre sous une autre forme et en d’autres termes. Ce que j’affirme et ce que je prouve, ce me semble, c’est qu’il n’y a que la morale et ce