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POUR QU’ON LISE PLATON

chose. L’hygiène intéresse la morale parce qu’il faut se bien porter pour accomplir ses devoirs. Dans l’hygiène rentre la morale ; donc l’hygiène est un art sérieux, c’est un art. La cuisine elle-même en serait un, en une petite mesure, si elle ne visait qu’à l’hygiène. Dans ce cas elle rentrerait dans l’hygiène qui rentrerait dans la morale.

On pourrait faire ainsi et on doit faire toute une classification des arts selon leurs rapports avec la morale ou selon qu’ils n’en ont pas. D’un côté les arts vrais, de l’autre côté les arts faux. Différence et pierre de touche de la différence : la morale.

Par exemple, nous venons devoir qu’à la cuisine, art faux, s’oppose l’hygiène, art vrai. De même, à la gymnastique, art vrai, s’oppose la cosmétique, art faux. La gymnastique fait des corps qui sont beaux ; la cosmétique donne aux corps une fausse beauté. Or la beauté vraie importe à la morale qui préfère le bien au beau, mais qui croit, comme on l’a vu ailleurs, que l’admiration de la beauté conduit au culte du bien. Le gymnaste est donc un bon serviteur de la morale, un bon moraliste ; il contribue pour sa part à la réalisation du bien ; il est moraliste dans sa sphère.

De même nous aurons la législation et la sophistique. Le législateur est un homme qui cherche