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POUR QU’ON LISE PLATON

le juste et qui s’efforce de mettre le juste dans la loi. Il est un moraliste pratique. La législation rentre dans la morale ; elle est un art vrai. Le sophiste se donne pour office soit de confondre le juste et l’injuste, soit de ne pas s’en occuper et de mettre dans la loi ou dans les décisions populaires des choses ou contraires ou indifférentes à la justice. Son art est un art funeste ou plus précisément c’est un art faux. Ce n’est pas un art. C’est un procédé ou un ensemble de procédés qui se fait prendre pour un art.

De même la politique et la rhétorique. La politique est l’art de chercher des constitutions d’état, des aménagements humains où le juste soit réalisé en même temps que le bien public atteint. Le politique est un moraliste, et la politique rentre dans la morale. Si elle s’applique seulement à faire vivre la cité au jour le jour, ou à flatter les passions populaires pour faire triompher tel ou tel homme, ou à servir les intérêts d’un parti au détriment d’un autre parti ou du corps de l’État, elle change de nom, comme de caractère Le politique n’est plus qu’un politicien, autrement dit un orateur ou un rhéteur ; la politique ne doit plus s’appeler la politique, mais la rhétorique. Politique, art vrai ; rhétorique, art faux.

L’architecture est un art vrai. Il importe à la mo-