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POUR QU’ON LISE PLATON

rale, d’une part que les hommes soient bien logés, sainement, commodément, pour qu’ils aiment leur intérieur et leur famille et ne passent pas leur vie sur la place publique ; d’autre part que de beaux monuments éveillent ce goût du beau que nous avons dit qui conduit au bien. Mais il existe une fausse architecture qui n’a pas de nom à soi dans la langue ; mais qu’on connaît très bien ; celle qui flatte l’œil par l’éclat des couleurs sans réaliser la beauté vraie et qui est un divertissement puéril et dangereux autant que la vraie architecture est un objet de contemplation saine, noble et courageuse. Le Parthénon fait des citoyens, et un temple coquet et attifé, outre qu’il fait des imbéciles, fait des efféminés. Périclès a été dans la morale beaucoup plus en faisant bâtir le Parthénon qu’en prononçant ses discours.

Il existe de même une fausse musique et une vraie musique, une musique qui ennoblit les âmes et une musique qui les réconforte, une musique où l’âme se saisit en ses puissances et une musique où l’âme s’abandonne et se dissout en ses faiblesses.

Il existe une vraie et une fausse peinture ; une vraie peinture, qui a le goût précisément du vrai concilié avec le goût du noble, et une fausse peinture, qui a le goût du fantasque ou du maniéré con-