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POUR QU’ON LISE PLATON

Et ceci est la cause même de cela et, aussi, ces deux choses sont preuves l’une de la vérité de l’autre et l’autre de la vérité de l’une. Si les arts sont comme contraints d’êtres pénétrés de psychologie, c’est parce que ils ont à faire l’âme humaine, et qu’il faut bien, pour qu’ils la fassent, qu’ils la connaissent telle quelle est à l’état rudimentaire. Et si les arts aboutissent à la morale et doivent y aboutir, c’est que, pénétrés de psychologie exacte et minutieuse, ou n’étant rien, ils sont bien naturellement amenés et comme forcément, à conduire les dispositions humaines dans le sens de leur perfection, dans le sens qui est leur sens véritable, dans le sens de leur but vrai, seulement entrevu par elles ; ils sont naturellement conduits, plus ils connaissent les instincts humains et plus ils en connaissent, à mettre de l’harmonie entre eux et de l’ordre et une belle cohérence, cela seulement pour se faire accepter et agréer ; et donc ils sont agents de moralité, ne fut-ce que pour remplir leur office et bien réussir, ne fût-ce que dans leur seul intérêt.

Que les arts soient profondément psychologiques, c’est à la fois le signe qu’ils, doivent être moraux et presque la nécessité qu’ils le soient.

Et, d’autre part, s’il est vrai que les arts doivent être serviteurs de la morale, il n’est pas besoin