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POUR QU’ON LISE PLATON

de dire qu’il faut qu’avant tout ils soient psychologiques en leur fond, en leurs premières démarches et comme en leurs premières études. Toutes ces vérités se prouvent les unes les autres avec une parfaite évidence et se soutiennent les unes les autres avec une invincible force.

On pourrait même dire qu’elles ne sont qu’une seule et même vérité. Car si les arts sont psychologiques par un bout, en style familier, et moraux par l’autre, c’est peut-être parce que psychologie et morale, c’est la même chose. La psychologie, c’est la connaissance de l’âme. Mais l’âme, quand elle se connaît bien, quand elle se connaît à fond, s’aperçoit de ce qu’elle est, non plus par parties, mais d’ensemble ; et elle s’avise qu’elle est une tendance au bien, une tendance à la perfection, ou qu’elle est incohérente. Si elle est incohérente à ses propres yeux, c’est qu’elle ne s’est pas saisie, c’est qu’elle reste dispersée, c’est qu’elle ne s’est pas ramenée à son centre et à son fort et à son essence. Si elle ne se sent pas incohérente, c’est qu’elle s’est ramenée à son essence, qui est la tendance au bien. L’âme ne se saisit donc définitivement que dans la morale, ne se connaît profondément et complètement que dans la morale, ne prend conscience intégrale d’elle-même que dans la morale. Et par conséquent la morale n’est qu’une