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POUR QU’ON LISE PLATON

pusculaire ; et ils les fixent et ils les mettent en pleine lumière. Nous apprenons à l’esprit à être logique ; ils apprennent à l’âme à être harmonieuse. Nous donnons le repos à l’esprit dans une activité ordonnée, dans l’exercice ordonné et régulier de lui-même. Ils donnent le repos à l’âme dans l’harmonie active, mais non plus agitée, de ses instincts les plus nobles et de ses sentiments les plus purs ; et c’est-à-dire qu’ils lui permettent, qu’ils lui donnent l’occasion de se saisir, et c’est-à-dire qu ils la mettent en possession d’elle-même. Nous rendons l’esprit à lui-même par notre maïeutique ; ils rendent l’âme à elle-même par la maïeutique qui leur est propre. L’âme se crée en se saisissant. Philosophes et artistes, nous l’aidons à se créer en l’excitant à se saisir. On nous appellerait les uns et les autres créateurs d’âmes, si la vraie créatrice de lame n’était l’âme même ; mais nous sommes au moins les démiurges de cette création-là. — Si artistes et philosophes sont quelquefois appelés divins, ce n’est qu’une hyperbole et non pas un mensonge. Ils sont relativement aux esprits et aux âmes, ces nébuleuses, les images très imparfaites et très affaiblies du grand accoucheur du Chaos.

Mais pour que les artistes soient ce que nous venons de dire, il faut qu’ils soient ce qu’ils doivent être, sous peine de n’être que des cuisiniers ; il