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POUR QU’ON LISE PLATON

psychologie qui a abouti, n’est qu’une psychologie complète, n’est qu’une psychologie profonde La psychologie est une morale qui se cherche ; la morale est une psychologie qui s’est trouvée, — et psychologie et morale en leur dernier effort et en leur dernier succès sont une seule et même chose.

Il faut donc prendre garde aux objections que vous songeriez à nous faire ; et s’il vous arrivait de nous dire : « les arts n’ont aucun rapport avec la morale, » nous vous répondrions : « admettez-vous que les arts soient obligés d’être profondément psychologiques ? Oui ? Eh bien, vous venez d’admettre, sans vous en douter, qu’ils doivent être profondément moraux ; sans vous en douter, parce que vous n’aviez pas réfléchi que psychologie et morale sont deux choses, oui, mais qui, quand elles sont complètes l’une et l’autre, se confondent. »

Voyons donc les arts comme ils sont au vrai. Ils sont si philosophiques que ce sont des « maïeutiques », différentes de la nôtre, mais très analogues. Nous accouchons les intelligences, ils accouchent les sensibilités. Nous tirons des esprits les idées qui y sont à l’état confus et qui y dorment. Ils tirent des âmes les idées de beauté, les formes de beauté, les sentiments d’harmonie, les intuitions d’harmonie qui y flottent à l’état chaotique et cré-