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POUR QU’ON LISE PLATON

— Interroge-moi donc, comme c’est ta coutume.

— Ma coutume est aussi de me laisser interroger.

— J’aime mieux que tu m’interroges.

— A ton aise, gracieux ami. Que se propose l’homme qui fait une statue ?

— Il se propose, ce me semble, de faire une statue.

— Tu as parfaitement raison ; et si tu réponds naïvement tu es dans le vrai ; et si tu prétends railler, tu te trompes. L’homme qui fait une statue se propose de faire une statue et il n’a pas tort de ne pas songer à autre chose. Cependant, tout en songeant surtout à cela, en quoi il a raison, ne se propose-t-il pas en même temps quelque autre chose ? Réfléchis un peu.

— Il se propose peut-être de gagner quelque argent.

— A-t-il raison en cela ?

— Il me semble qu’on ne peut guère lui donner tort.

— Sauf besoin pressant, pour quoi il faut toujours avoir, non approbation, mais indulgence, je lui donne tort de tout mon cœur, mon ami.

— Pourquoi cela ?

— Pour cette raison assez simple que s’il fait