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POUR QU’ON LISE PLATON

sa statue pour avoir de l’argent, il la fera avec impatience, trop vite et par conséquent fort mal.

— Il est probable que tu m’as surpris travaillant ainsi ; car tu es partout dans la ville et tu guettes en tout lieu comme un sycophante, du reste inoffensif et bienveillant ; et je suis donc forcé de te donner raison sur ce point ; mais l’artiste, quand il n’est pas en mauvais état de finance, travaille généralement pour les honneurs et pour la gloire.

— Sais-tu ce que c’est que les honneurs et la gloire ?

— Ce sont des biens communément très prisés, surtout ici.

— Ce sont des maux, très aimable ami ; car c’est pour les honneurs et pour la gloire que tant d’hommes ont jeté leurs concitoyens dans les pires infortunes et les plus épouvantables désastres ; et, pour une bonne chose peut-être et belle, que le désir des honneurs et de la gloire a fait faire, il en a fait faire mille très mauvaises et extrêmement laides. Sais-tu l’histoire, cher ami ?

— Quelque peu.

— Si tu la sais un peu, tu n’ignores nullement que le désir des honneurs et de la gloire est une peste qui demanderait plus d’un Esculape et l’ellébore