Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
340
POUR QU’ON LISE PLATON

vent et blâment de concert les mêmes choses, que leurs joies et leurs peines se rapportent aux mêmes objets ; en un mot, partout où les lois viseront de tout leur pouvoir à rendre l’Etat parfaitement un ; — on peut assurer que c’est là le comble de la vertu politique, et personne ne pourrait, à cet égard, donner aux lois une direction ni meilleure ni plus juste. Dans une telle cité, qu’elle ait pour habitants des dieux ou des enfants des dieux, la vie est parfaitement heureuse. C’est pourquoi il ne faut point chercher ailleurs le modèle d’un gouvernement ; mais on doit s’attacher à celui-ci et en approcher le plus qu’il se pourra… »

Ceci est donc l’idéal secret de Platon, et pour n’en plus parler davantage, puisque lui-même n’y a pas insisté, tout en s’en souvenant toujours un peu, remarquons bien qu’il est ici tout à fait dans ses principes et dans l’absolu de ses principes. Il est adorateur de la justice ; or ce qu’il a très bien vu, c’est que la justice absolue, c’est la fraternité absolue, que la justice poussée en quelque sorte à son idéal se confond avec la fraternité, s’y perd ou plutôt y perd sa forme et son nom, mais y vit avec plénitude et y triomphe avec délices.

En effet, la justice proprement dite, c’est le respect des droits de chacun ; la fraternité, c’est l’amour des droits de chacun, pratiqué avec une sorte