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Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/354

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POUR QU’ON LISE PLATON

dans l’oligarchie qu’il y a le plus de maîtres (souvenir des Trente tyrans), et quand il dit : « La première chance de bonne législation, c’est qu’il y ait un tyran jeune, tempérant, doué de pénétration, de mémoire, de courage et de grands sentiments ; la seconde, c’est qu’il se trouve deux chefs tels que celui que je viens de peindre ; la troisième lorsqu’il y en a trois ; et en un mot la difficulté de l’entreprise croît avec le nombre de ceux qui gouvernent et, au contraire, plus ce nombre est petit, plus l’entreprise est facile. »

Et voilà des conclusions éminemment monarchiques ; mais, d’autre part, Platon reconnaît en souriant, et dans le Politique et dans les Lois, que ce bon tyran est une chimère, que « l’on ne voit point paraître dans les villes comme dans les essaims d’abeilles de roi tel qu’il l’a dépeint, qu’on aimerait dès qu’on le verrait, et qui constituerait la seule forme de gouvernement qu’approuve la raison » ; et aussi que « rien ne serait plus facile que d’établir de bonnes lois, supposé ce bon tyran ; mais que ceci doit être dit à la manière des oracles, c’est-à-dire comme une fable ».

Cherchons donc, pour le cas où seraient reconnus impraticables et le communisme conventuel et la tyrannie intelligente, un autre modèle encore de gouvernement.