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POUR QU’ON LISE PLATON

toute entreprise nous croyons qu’il est très conforme au bon sens que celui qui en dresse le plan y fasse entrer tout ce qu’il y a de plus beau et de plus vrai et que, s’il rencontre ensuite dans l’exécution quelque chose d’impraticable, il le laisse de côté, de façon pourtant qu’il s’attache à ce qui en approche davantage… »

En second lieu, notre gouvernement sera essentiellement conservateur ; c’est-à-dire qu’il sera selon les lois et qu’on changera les lois le moins possible et le moins souvent possible. Nous savons ce qu’il y a à dire et ce que nous avons dit nous-même contre les lois, qui ne sont pas souples, qui n’ont pas d’intelligence particulière, d’intelligence pour chaque cas, qui, en d’autres termes, ont comme une intelligence générale et abstraite et qui ne valent certainement pas un homme d’intelligence vivante, ployable à toute circonstance et du reste supérieure ; mais comme, d’une part, cet homme est difficile à trouver, et comme, d’autre part, les lois antiques et respectées sont un élément de conservation, le principe même le plus fort de conservation, nous nous attacherons aux Lois ; nous les considérerons comme nous l’avons fait autrefois dans le Criton, un peu par fiction, mais avec un sentiment profond de l’utilité sociale, comme des mères nourrices du citoyen, tout en